L'Oeil sur l'échelle , Edouard Sautai
Une exposition-atelier originale où les changements d'échelles, les jeux de points de vue, les mises en scène font illusion!
20 février - 30 juin 2008
11h00 - 19h00
Galerie des enfants Niveau 0
Prototypes de jeux pour apprendre l'architecture dans les écoles primaires
Une exposition-atelier originale où les changements d'échelles, les jeux de points de vue, les mises en scène font illusion!
20 février - 30 juin 2008
11h00 - 19h00
Galerie des enfants Niveau 0
Qu'on s'arrête une minute et, pour les besoins de la réflexion, qu'on prenne l'exemple d'une rame de TGV, parenthèse entre deux urbanités. Sur les tablettes, au bout des doigts, reliés aux oreilles, à la vue, à l'ouïe et au toucher : des ordinateurs portables, des lecteurs de DVD, de fichiers audio MP3, des lecteurs vidéo à disque dur, des téléphones, des appareils photo, des Smartphone, le nouvel iPhone... un condensé de technologies dites "nouvelles". Du son, des images, du mouvement, et donc de la vitesse... Des fichiers qui en chassent d'autres, à la fréquence des processeurs. Jusqu'à ce qu'une sonnerie allant crescendo (généralement de téléphone) vienne électriser l'autiste numérique (accessoirement ses voisins) et l'agiter jusqu'au soulagement final (la pression sur la bonne touche). Il y a vingt ans, il n'y avait rien de tout cela.
Le monde bouge et ne serait que mouvement, à l'image de la fameuse loi de Moore, du nom du cofondateur d'Intel, selon laquelle le nombre de transistors intégrés sur une même surface de silicium double environ tous les dix-huit mois depuis les années 1960, augmentant ainsi la puissance des processeurs de façon exponentielle.
Blogueur et fin observateur de la société numérique, Jean-Pierre Corniou, ancien directeur des systèmes d'information de Renault, note qu'un tel développement exponentiel, bousculant nos rationalités, tranche sur le passé (La Société numérique, éd. Hermès, 256 p, 49 euros). Jadis, la machine prolongeait les capacités et, essentiellement, les forces physiques de l'homme. Désormais, "l'informatique touche à quelque chose de plus intime : l'intelligence et la conscience". Et aux peurs qui vont avec, dont celle de perdre le pouvoir, de ne plus avoir le dernier mot.
Prenant appui sur un fait divers médiatisé relatant la mort d'un chauffeur ayant eu trop confiance en son GPS, le blogueur plaide pour une lucide et consciente utilisation des outils informatiques. Celle-ci passe par la formation. Mais, comme le remarque l'un de ses interlocuteurs, qui réagissait sur le Net, la société numérique allant si vite, prenant pour ainsi dire tout le monde de court, tend à inverser, étonnamment, les flux traditionnels de connaissance, et donc de formation : ce ne sont plus les anciens qui apprennent aux jeunes, mais c'est à ces derniers, si familiarisés avec l'univers modernisé, d'apprendre aux premiers.
"Cette rupture a des conséquences multiples, note Jean-Pierre Corniou, qui ne sont certes pas toutes négatives, mais marquent notre environnement : carences pédagogiques des jeunes "natifs numériques", plus intuitifs que raisonnés, claire inflexion du sérieux vers le ludique, flux d'innovations trop rapides pour être pleinement exploitées et métabolisées, syndrome de l'instantané"... A charge pour les plus anciens de (re) trouver leur place et de (re) donner un sens à l'ordre générationnel. Qui réside donc, peut-être, dans la capacité à ralentir et à freiner les élans, à faire digérer. A gagner, dirait Peter Sloterdijk, en lenteur ou en immobilité.
Courriel :dumay@lemonde.fr